Par Caroline LEMAIRE le 6 juillet 2020
Atmo Hauts de France a publié le 3 juillet dernier son rapport relatif à la présence de pesticides dans la région. La campagne a été menée entre juin 2018 et juin 2019.

PHOTO : ISTOCK PHOTO
Les données ont été recueillies par le biais de 4 capteurs, 2 situés en milieu urbain à Lille et à Saint-Quentin, 2 en milieu rural à West-Cappel et à Thézy-Gimont. (N.B. aucun des capteurs n’est situé dans l’Oise.)
Sur les 90 substances recherchées, entre 22 et 35 ont été détectées selon les sites étudiés. Cependant, parmi celles-ci, 20 substances sont communes aux 4 lieux analysés.
Il s’agit en grande majorité d’herbicides entre 83% à 90%. Puis viennent en seconde position les fongicides (entre 8% à 15%) et enfin les insecticides avec un taux compris entre 2% à 4%.
Atmo Hauts de France a relevé la présence de 10 substances interdites, notamment le Lindane, un insecticide à large spectre interdit pour traiter les cultures depuis 1998. Sa présence sur la totalité des échantillons prélevés s’expliquerait en raison de sa volatilité et de sa lente dégradation.
Malgré la forte présence de cultures agricoles dans la région, les taux relevés se situent dans la moyenne nationale avec néanmoins quelques particularités. On retrouve des molécules à des taux plus élevés qu’ailleurs : le triallate (utilisé pour la culture de grands légumes) et le prosulfocarbe (utilisé pour la culture du blé tendre et de la pomme de terre).
Il existe également des variations spatiales (les milieux ruraux enregistrant des concentrations plus élevés) et temporelles (présence d’un pic au printemps et à l’automne) dans les données.
Si les pesticides retrouvés sont à l’état de traces (nanogramme par m3), le rapport souligne néanmoins que « Le lien entre pesticides et santé est devenu aujourd’hui un véritable enjeu de santé publique. Les pesticides regroupent un nombre très important de substances dont la toxicité et les effets sur la santé sont variables. Au-delà des intoxications aiguës, les pesticides sont suspectés d’avoir également des effets sur la santé, liés à une exposition chronique : cancers, troubles de la reproduction et neurologiques, notamment sur la survenue de la maladie de Parkinson. » (voir p10)
Ainsi, le président d’Atmo France, Jacques Patris avertit : « Même s’il s’agit de traces, cela ne signifie pas que c’est inoffensif ».
Il appartient à l’ANSES d’étudier les conséquences de cette exposition chronique aux pesticides sur la santé.
L’association « Nous voulons des coquelicots » a quant à elle lancé un appel pour l’interdiction de tous les pesticides qui recense aujourd’hui 1 094 333 signataires.
Sources :
https://www.atmo-hdf.fr/publications.html
Signer l’appel des coquelicots :
https://nousvoulonsdescoquelicots.org/l-appel/
Rapport d’Atmo Hauts de France à télécharger :